Depuis l’enfance la parole sous toutes ses formes est un questionnement, un fil conducteur – souffle, chant, mot, silence… La parole des autres et puis la mienne et puis la nôtre ; parole partagée en humanité.
Les contes me sont vite apparus comme un lieu sûr, quelque chose qui tient la route et je me suis baignée dans les grands mythes grecs. C’était l’époque où je jouais encore à la poupée, les faisant tour à tour Artémis, Zeus ou Héphaïstos, recréant le monde du chaos aux hommes.
Toute jeune adulte j’assiste un soir à un spectacle du conteur Nacer Khémir, dont les ogresses m’avaient fascinée toute mon enfance. De toute ma timidité je lui ai proposé un café, j’avais une question en tête : comment devient-on conteur ? Sa réponse fut en substance : en contant ! C’est ce que j’ai donc fait, me collant à l’ouvrage, sans trop savoir, avec avant tout la soif d’expérimenter et de sentir. Les formations sont venues ensuite, auprès de conteurs et de différents organismes.
Puis j’ai voyagé vers l’est, ai sillonné les routes du Caucase et d’Iran à l’écoute des contes qui s’y disent et de leurs fascinants porteurs, ai traversé des montagnes, des plaines et des rivières à cheval, en train, à bord de voitures déglinguées. J’ai aimé ça ! Aujourd’hui je voyage autrement, je voyage vers chez-moi et les contes sont une de mes montures. A leurs pieds, un moment peut s’apaiser le brouhaha du monde, dans une soudaine trouée de lumière.
Je puise mes histoires dans l’immense diversité des contes populaires et travaille essentiellement des répertoires, à voix nue et dans la singularité du moment présent et partagé. Les contes du Caucase ont particulièrement mon affection : c’est une région où j’ai passé plusieurs années et que je continue de découvrir ; dans mon cœur nichent ses senteurs, le son de langues râpeuses et chantantes, le goût du basilic rouge et de fidèles amitiés.
Ainsi au fil des ans un chemin s’est fait, émouvant, joyeux, rocailleux ; j’en ai parfois perdu la trace mais eux, les contes, m’ont toujours retrouvée. Ils ont l’éternité du monde en eux, la sagesse du vivant, et savent attendre patiemment l’alignement des étoiles.
Pour en découvrir davantage au sujet du travail de Laureline, c’est par ici : https://voicewalking.fr